« LA MAISON DU PEUPLE »
Pour voir les photos avant la destruction de la Maison du Peuple – Bâtiment sur St Louis
(Descriptif à partir d’une Notice de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel établie par Isabelle BARBEDOR et Benjamin SABATIER et du dictionnaire du Patrimoine rennais)).
La Maison du Peuple est l’héritière directe de la Bourse du Travail de Rennes créée en 1893. En 1911, les Syndicats forment une Société civile pour la fondation d’une Maison du Peuple qui, avant la première Guerre Mondiale, rachète à la Ville des terrains et Bâtiments rue Saint Louis.
Le 15 Décembre 1919, pour les près de 10000 syndiqués, que compte alors Rennes, le Conseil Municipal présidé par le Maire Jean JANVIER (Compagnon Maçon avant de devenir grand Entrepreneur) vote le principe de la Construction d’une Salle de Réunion d’une capacité d’accueil de 1600 personnes ; dont la conception sera confiée à Emmanuel LE RAY, Architecte Municipal. Le Chantier de « La Maison du Peuple »(actuelle Salle de la Cité) débute en 1921 et se termine en 1924. La polychromie des matériaux –Schiste pourpre des rives de Vilaine et Briques- est du plus bel effet.
Un nouveau projet ne sera voté qu’en 1935 et réalisé l’année suivante. C’est l’Architecte Municipal Yves LEMOINE qui est chargé de le réaliser…Il s’agit de :
– La réfection de la façade de la rue d’Echange et des façades sur cour.
– La construction de nouveaux Bâtiments rue Saint Louis.
Les Bâtiments fermant la cour le long de la rue Saint Louis (dont la démolition est envisagée à terme de 3-4 ans) sont édifiés sur les plans de l’Architecte municipal Y.LEMOINE puis d’Yves PERRIN (co-architecte entre autres de la salle omnisports) qui lui succède. Mis en adjudication en 1959, ils seront achevés en 1960. Henri FREVILLE, Maire de l’époque, mentionne dans se mémoires que l’inauguration de la Maison de la Mutualité a lieu le 20 Janvier 1962.
« La Maison du Peuple » d’origine, est devenue « Salle de la Cité » dans les années 60 quand pendant quelques années, elle a été la base de préfiguration de la Maison de la Culture de la rue Saint Hélier ouverte en 1968…Par la suite, la « Salle de la Cité » a été le support du lancement des Transmusicales. Elle fait partie des Sallesde Concert les plus mythiques et les plus connues au niveau national.
LES FRESQUES « LE TRAVAIL DE CAMILLE » GODET
( Texte du dictionnaire du Patrimoine Rennais)
Le décor de la Maison du Peuple est commandé à Camille GODET en 1919.
Soucieux d’adapter les grandes leçons de Puvis de Chavannes au sujet ouvrier et de rendre hommage aux corps de métier rennais, le peintre réalise une grande frise décorative « LE TRAVAIL » dans laquelle un solide réalisme apporte l’enracinement populaire (avec des portraits entre autres de Jean Janvier – Maire entrepreneur – d’un plâtrier, d’un instituteur). La gamme est claire et chaude, le rythme calme. Le musée des Beaux Arts conserve de nombreuses études pour ce décor inauguré en 1925. Ces peintures occultées après 1945 par un autre revêtement n’ont été redécouvertes par Jean AUBERT, Conservateur du Musée des Beaux Arts, qu’en 1994 à l’occasion de travaux de réfection. La Fresque « LE TRAVAIL » a été classée au titre des Monuments Historiques le 6 Mai 1997. Pour voir quelques photos
LA CHAPELLE DU COUVENT DES EUDISTES – SALLE DU JEU DE PAUME.
Les Eudistes, déjà présents à Rennes depuis 1669, installent leur couvent en 1724 sur un terrain situé entre la rue de Dinan et la rue d’Echange. A la demande de l’Evêque, le Séminaire est installé dans le Couvent. Cet établissement religieux devient Hôpital Militaire après la Révolution en 1793.
Avant d’être une Chapelle, le bâtiment de la rue Saint Louis était une Maison dite « LE PELICAN » dans laquelle était installé un Jeu de Paume. On dirait aujourd’hui un tennis couvert.
Selon des spécialistes éclairés, la surface du « Jeu » inscrite dans l’architecture d’origine de la chapelle, serait complètement intacte dans ses dimensions et dispositifs. Ceci n’existerait qu’à 5 ou 6 exemplaires en France et presque uniquement dans la région Ille de France. Il ne serait pas judicieux d’éliminer ou de masquer ces traces qui font découvrir également une magnifique charpente et des décors anciens de la Chapelle des Eudistes.
La Chapelle s’est retrouvée « enfoncée » par les remblaiements effectués au moment de l’édification de la dernière partie de la « Maison du Peuple »Le Pignon Sud de l’ancienne chapelle, 22 rue Saint Louis porte l’écusson aux Armes de l’Evêque LAVARDIN et tablette de marbre noir à l’inscription en latin signifiant :
« Ce n’est rien moins que la Maison de Dieu, la Porte du Ciel » -1690-
PERSPECTIVES DE TRANSFORMATION DU SITE.
La Ville de Rennes veut implanter sur ce site un Equipement Social et Culturel du Quartier Centre ancien et une crèche municipale.
Il semble inopportun de transformer la « Chapelle-Salle du Jeu de Paume » en crèche avec cloisons et faux plafonds et d’y adosser une extension nouvelle pour activités des associations de Rennes Centre.
Il est par contre très possible de concevoir en cet espace, une très belle salle de réunion avec poutres apparentes exceptionnelles.
On peut admettre qu’il y ait besoin d’une autre construction…Elle pourrait se situer sur la partie Nord du terrain occupé actuellement par la plus récente partie de la « Maison du Peuple » à condition qu’elle laisse bien visible la Salle de la Cité à partir de la rue Saint Louis. Il nous est promis actuellement que l’on ne changera rien de la Salle de la cité, de son aspect et de son affectation à des concerts et spectacles divers. « LES AMIS DU PATRIMOINE RENNAIS » veilleront constamment à ce que cet engagement soit bien respecté.
Dès sa création en 2004, l’association des « AMIS DU PATRIMOINE RENNAIS » réclame que l’on considère comme un ensemble, faisant l’objet d’un grand projet commun et complémentaire, les 3 Sites « JACOBINS – MAISON DU PEUPLE – VIEUX SAINT-ETIENNE »
Il faut souligner que « LA MAISON DU PEUPLE – COUVENT DES EUDISTES –
JEU DE PAUME » est en dehors du Secteur Sauvegardé et donc, non protégé.
« LES AMIS DU PATRIMOINE RENNAIS » sont également très soucieux de la subsistance sur ce lieu de « LA MEMOIRE DE TOUTE LAVIE SOCIALE ET SYNDICALE » qui s’y est déployée pendant près d’un siècle.
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« LES AMIS DU PATRIMOINE RENNAIS »
FRAGMENTS DE L’HISTOIRE DE LA CHAPELLE DES EUDISTES
Rue Saint Louis – RENNES – « JEU DE PAUME »
Références :
« BANEAT » « Le Vieux Rennes » (compile tout ce qu’il était possible de savoir en 1920).
« GUILLOTIN DE CORSON POUILLE » « Historique »
« Joseph DAUPHIN » « Histoire des séminaires de Rennes et de Dol 1670 – 1791 »(1910).
« Guillaume de BERTIER DE SAUVIGNY »
« Au service de l’Eglise de France – Les Eudistes – 1680 – 1791 – (1910)
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Le Séminaire des Eudistes, créé en 1670 est situé entre la rue basse (actuelle rue de Dinan) et le rue d’Echange. Il est financé pour son fonctionnement et son investissement immobilier par Mgr de la VIEUVILLE et des dons de particuliers.
Les Eudistes purent reconstruire la plus grande des maisons primitives, celle donnant rue Basse. Une image datant du XIX° Siècle montre un corps de logis principal de 7 fenêtres de façades et de 3 étages au dessus d’un rez-de-chaussée. C’est dans ce cadre un peu austère que devaient vivre ordinands et pensionnaires pendant un demi siècle environ jusqu’en 1739.
Ce n’était certes pas suffisant. Au cours des années suivantes, furent acquises successivement plusieurs petites maisons attenantes, situées, les unes, le long de la rue d’Echange, d’autres, rue Saint Louis (On sait que la plupart des propriétés appartenaient à Julien CHEVRIER, Sieur du Verger). En joignant, jardins ou arrière cours, le séminaire se constitua peu à peu un enclos assez vaste englobant la partie Nord du Triangle formé par rue d’Echange, Basse et Saint Louis.
La plus considérable, acquise sur cette dernière rue, était une maison dite du « Pélican », sans doute à cause d’une enseigne achetée en 1697. Elle comportait un « Jeu de Paume ». On dirait aujourd’hui, un tennis couvert. Les Eudistes en firent l’acquisition moyennant un débours de 6600 livres, assuré par un emprunt. Il fut assez facile de convertir le local en chapelle. La nef de 92 pieds sur 31, fut flanquée de petites chapelles latérales et au Nord d’une sacristie assez importante, pour permettre, à l‘étage, deux chambres d’habitation, le tout couvert d’un petit dôme. Le portail d’entrée sur la rue Saint Louis est aujourd’hui masqué mais on peut encore voir la vaste fenêtre cintrée qui le surmontait. Au dessus de celle-ci on peut lire sur une tablette de marbre noir « Non est hic aliud nisi domus. Dei et porta coeli » (Ce n’est rien moins que la Maison de Dieu. La porte du Ciel.). On nous dit que les fidèles s’y rendaient en grand nombre et même que l’évêque de Rennes y aurait fait des ordinations. Il y a un cas bien attesté. Mgr GUERADIN de VAUREAL y fit une première ordination générale en décembre 1732, y donnant notamment la tonsure à un enfant de 8 ans ; le jeune Conan de Saint Luc qui serait plus tard ; évêque de Quimper. On y aurait aussi enterré des prêtres ; directeurs du séminaire. Des fouilles opérées en 1894 ont mis à découvert des restes. Ceux-ci devaient être transférés dans la chapelle du collège Saint Martin.
On sait aussi que dès 1670, bien avant que la Bienheureuse Marguerite Marie eut sa première révélation à ce sujet, y fut célébrée « la Fête du Divin Cœur de Jésus ».
La modestie de la chapelle peut étonner si on a en tête les vastes chapelles des « Grands séminaires » des 19° et 20° Siècle (rue de Brest, Saint-Brieuc, Vannes). Il n’y eut pas d’autre chapelle même après que le grand bâtiment (ancien Hôpital militaire) eut été construit après 1725. Cette modestie se comprend mieux si l’on se souvient que les séminaires au XVII° et XVIII° Siècle n’accueillaient les futurs prêtres que pour de brèves périodes (quartiers de 3 mois), juste avant de recevoir les ordres. Ce sont au départ des lieux de retraite temporaire plus que des lieux d’enseignement permanent (Cet enseignement, les futurs prêtres le reçoivent au Collège des Jésuites). Les séminaires du temps ne fonctionnent que quelques semaines dans l’année. Les Eudistes occupent le reste du temps à prêcher dans les paroisses les retraites de laïcs, les missions et pour un nombre de séminaristes, certainement plus réduit qu’aux 19° et 20° quand cohabitent des promotions échelonnées sur plusieurs années.
Par ailleurs, les Eudistes qui tiennent le Séminaire , forment des communautés peu nombreuses à Rennes. L’acte de fondation de 1670 avait prévu un personnel de 5 prêtres et 4 frères, ce qui fut sans doute dépassé mais de peu (à la révolution, on parle de 6 à 8 prêtres, 4 frères, 3 domestiques et 2 journaliers). Parler de « Couvent » est, à cet égard, un peu impropre.
Les Eudistes ne sont pas des religieux. Ils ne se prêtent pas à des vœux et ne font pas profession. Il y a juste une incorporation avec promesse de « stabilité » et non pas, non plus de noviciat. Les Eudistes ne sont évidemment pas soumis à une « Clôture » et ne sont pas contraints à la vie communautaire. Ce sont des prêtres séculiers organisés en « institut » comme les Lazaristes, les Oratoriens, les Sulpiciens.
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Merci à M. Georges PROVOST – Historien – de nous avoir fourni cette documentation.
bonjour
je suis effrayé de ne plus voir ni l’ancienne salle de jeu de paume, ni la salle de la cité
une structure cubique banale en plancher béton verre semble avoir remplacé tout les beaux projets.
un mensonge est il possible ? à ce point ?
merci de votre vigilance